Emilie Notard



La pendue
À Aloysius Bertrand



J’étais montée en haut de l’arbre et y avais attendu que le ciel se drape de noir.

Puis je jetai ma vie dans le vide, pendue à une étoile. Et mon corps se balançait aux grincements de la corde.

Mais la faux argentée de la lune coupa ce cordon ombilical qui me reliait à celle qui nourrissait mon art.

Alors je tombai dans un étang d’encre, un étrange collier au cou. Et mon cadavre s’emmêlait dans un goémon de phrases.

À la surface, l’arbre mort de n’avoir pu se mirer en ces eaux gluantes s’était penché pour recueillir la noyée qui avait voulu se pendre.

Au réveil, j’hurlai en silence des mots invisibles.



Emilie Notard
Leipzig, le 15.02.2004


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