Association pour la mémoire d' Aloysius Bertrand
"J'étais moins impoli que malheureux"
Roger Aïm, Aloysius Bertrand, épopée de son grand oeuvre
"Ah! ce que j'entends"
Extraits musicaux au format MP3
Vous pouvez passer commande en nous envoyant un chèque à l'ordre de l'association (50, rue Godefroy, 59110 La Madeleine) ou par virement (nos coordonnées bancaires se trouvent sur le formulaires d'adhésion, rubrique : "devenir membre". Nous vous restons également disponibles par mail ("nous contacter") pour toute demande, question, remarque...
Les Voix du poème: patchwork sonore
Les premières funérailles d'Aloysius Bertrand
Le cimetière Montparnasse, vue de la Tour. Photographie Fabrice Pécher. |
Nos Giroflées en ligne
Le mot de Rosalius: Jamais sans ma Giroflée!
Notre Giroflée n°3 vient de fleurir, un peu tardivement à cause de la faible hydrométrie dans nos contrées.
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Table des matières de la Giroflée n°3 (PDF)
25€ La Giroflée n°3
(1 exemplaire des Miscellanées vous sera offert pour l'achat de 2 vol.)
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Ouvrages publiés en 2010...
Dir. André Guyaux
ed. Garnier "Classiques", Paris, 2010, ISBN 978-2-8124-0207-4 . 49€ site de l'éditeur
Gaspard de la Nuit, Grand Oeuvre d'un petit romantique
Dir. Nicolas Wanlin
Nous proposons d'éclairer ici, sous toutes ses facettes, le charme d'un recueil romantique, gothique, fantastique, voire frénétique, introduisant au Grand Oeuvre longtemps méconnu qu'est Gaspard de la Nuit".
Textes du colloque "Encore un printemps" (2007). Avec des textes de Luc Bonenfant, Jacques Bony, Nicolas Wanlin, Gérard Dessons, Jacques Dürrenmatt, Marie-Catherine Huet-Brichard, Mélanie Leroy-Terquem, Matthieu Liouville, Dominique Millet-Gérard, etc....
ed. PUPS, Paris, 2010, ISBN 978-2-84050-718-5. 18€ site de l'éditeur
Aloysius Bertrand, Le sens du pittoresque
Nicolas Wanlin
"Pourquoi parler d'art quand on est poète? Pourquoi se réclamer de la "manière de Rembrandt et de Callot" quand on est soi-même en train d'inventer une forme de poésie inédite, le poème en prose, et un style pittoresque original, celui de Gaspard de la Nuit? Aloysius Bertrand ne libre guère de réponse, théorise peu sa pratique et évite les grands discours -autant de silences à faire parler.
Sa passion pour les arts graphiques, la peinture, mais aussi l'art de l'imprimerie et encore tous les arts populaires a nourri l'unique livre qu'il perfectionna au long de sa courte vie. Mais jamais il ne s'agit de transposition d'art: nulle imitation, pas même de description d'oeuvres d'art. Bertrand fait usage et mention d' arts autres que le sien car il y recherche des valeurs: valeurs esthétiques, certes, mais surtout morales et peut-être politiques.
Ainsi, dans l'"Ecole flamande", il trouve une manière d'écrire l'histoire, une tendresse envers les humbles de toutes époques et même les marginaux les plus inquiétants. Son pittoresque n'est donc jamais gratuit. il n'est ni ornemental ni virtuose. Loin de l'"Art pour l'art" auquel on l'a parfois assimilé, Bertrand donne du sens au pittoresque."
ed. PUR, Rennes, 2010, ISBN 978-2-7535-1258-0. 20€ site de l'éditeur
Lectures de Gaspard de la Nuit de Louis ("Aloysius") Bertrand
Dir. Steve Murphy
Jacques Bony, Steve Murphy, Nathalie Ravonneaux, Aurélie Loiseleur, Nicolas Wanlin, Sébastien Mullier, Sylvain Ledda, etc...
ed. PUR, Rennes, 2010, ISBN 978-2-7535-1219-1. 15€ site de l'éditeur
Emile Vinteuil, "La Giroflée"
Emile Vinteuil vers 1895 |
La publication d'une composition pour piano d'après le poème en vers d'Aloysius Bertrand: « La Giroflée » (1833) dans notre troisième bulletin, son enregistrement sur notre site, initient cette trouvaille.
La Giroflée
Dis-moi qui t'a fait naîtreParis, 29 Juin 1833
Au bord de la ma fenêtre,
Et comment tu fleuris
Ô pâle giroflée,
Fille de la vallée,
Dans la brume exhalée
Des vieux toits de Paris?
Ils bercent, tes calices,
De suaves délices.
Je pleure, et me souviens
Des beaux lieux d'où tu viens.
La même destinée,
Faveur momentanée!
Ici nous réunit,
Toi qui, loin de la Terre,
Trembles sur le granit,
Moi, pauvre et solitaire
Qui cache avec mystère
Tout près du ciel mon nid!
« Le poème a été intégralement manuscrit par Vinteuil, date et lieu compris. Sa copie se trouvait parmi les autres pages de la partition d'Émile Vinteuil. Le compositeur l'aura trouvé soit dans La Volupté et pièces diverses publié par Cargill Spriestma chez Champion en 1926, soit dans le Keepsake fantastique publié par Bertrand Guégan en 1923 aux éditions de La Sirène... [... la suite dans La Giroflée n°3]».
Notre rubrique "pédagogie": Aloysius Bertrand au lycée
Exercices de style...
Le laboratoire de l'oeuvre
Travail en autonomie
Parcours de lecture en autonomie
Deux travaux nous invitent à nous plonger dans l’atmosphère nocturne de « La Poterne du Louvre » ; un dessin nous immerge dans le monde de l'alchimiste ; une aquarelle nous propose de nous laisser séduire par «Ondine » ; un dessin nous fait partager l'humour goguenard des « Cinq doigts de la main » ; une photographie offre une autre lecture de ce texte en mettant en évidence son potentiel de violence ; un travail collectif, qui s'inspire de J. Callot avec originalité, souligne l’importance de l’idéal révolutionnaire pour le romantisme noir auquel on peut rattacher Aloysius Bertrand.
A nouveau disponible: Cargill Spriestma, Jacques Bony
Etude biographique d'après des documents inédits,
par Cargill Sprietsma,
Avant-propos de Jacques Bony
Date de parution : 2005
ISBN : 978-2-84830-057-3
16 x 25 cm
dos carré collé
16-XIV-268 pages
68 €
La publication posthume de Gaspard de la Nuit passa quasiment inaperçue malgré l’enthousiasme de Baudelaire. Il faudra attendre plus de quatre-vingts ans pour voir paraître cette grande biographie due à un obscur chercheur américain, biographie vite devenue introuvable. Plus de quatre-vingts ans encore avant de la voir rééditée. Plusieurs rééditions de Gaspard de la Nuit l’ont précédée – dont celle, en 2005, de Jacques Bony, la première établie selon le manuscrit original et publiée selon les vœux d’Aloysius Bertrand – : est-ce la fin d’une malédiction ?"
Exposition d'oeuvres de lycéens d'après Gaspard de la Nuit
Ces travaux ont été réalisés par des élèves de seconde du lycée Henri Vincenot à Louhans, en Saône-et-Loire, à la suite d’une lecture guidée de Gaspard de la Nuit. Chacun a librement choisi le texte dont il souhaitait proposer une transposition artistique ou une illustration, ainsi que l’interprétation qu'il en donnait.
Deux travaux nous invitent à nous plonger dans l’atmosphère nocturne de « La Poterne du Louvre » ; un dessin nous immerge dans le monde de l'alchimiste ; une aquarelle nous propose de nous laisser séduire par « Ondine » ; un dessin nous fait partager l'humour goguenard des « Cinq doigts de la main » ; une photographie offre une autre lecture de ce texte en mettant en évidence son potentiel de violence ; un travail collectif, qui s'inspire de J. Callot avec originalité, souligne l’importance de l’idéal révolutionnaire pour le romantisme noir auquel on peut rattacher Aloysius Bertrand.
Lettre de Victor Hugo à Louis Bertrand
Cette lettre, qui était dans la collection J. Dumas, a été publiée par Cargill Spriestma dans sa biographie du poète: Louis Bertrand (...) une vie romantique. Un extrait en a été également reproduit dans la notice de Sainte-Beuve. Il s'agit d'une réponse à "La Chanson du pélerin", poème en vers que Louis Bertrand a dédié au "gentil et gracieux trouvère de Lutèce, Victor Hugo" (note 1 de Helen Hart Poggenburg, Aloysius Bertrand, Oeuvres complètes, Champion, Paris, 2005, p. 919).
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La transcription suivante a été établie par H. H. Poggenburg in Aloysius Bertrand, Oeuvres complètes, Champion, Paris, 2005 (p.845).
Je ne sais comment vous remercier, Monsieur, de tout ce que j'ai lu de vous dans le Provincial. Parce que tous vos vers ne m'ont pas mieux été au coeur que la délicieuse ballade que vous m'adressez en termes si gracieux et si gentils.
Je lis maintenant vos vers et ceux de M. Brugnot en cercle d'amis comme je lis André Chénier, Lamartine, ou Alfred de Vigny. il est impossible de posséder à un plus haut point les secrets de la forme et de la facture. Votre pélerin est un petit chef-d'oeuvre du genre, et notre Emile Deschamps lui-même s'avouerait égalé.
Recevez donc, je vous prie, mes remerciements et mes félicitations (...)
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(...) et m'envoyez encore souvent de la province de ces vers comme on en fait si peu à Paris.
Je vois que le Provincial va devenir politique. C'est un excellent journal, qui dans son genre vaut le Globe, avec moins de pédanterie, ce que je disais hier aux rédacteurs du Globe. Le Provincial suivra à coup sûr bonne ligne. La liberté dans l'ordre, la liberté dans l'art, tel doit être à mon sens le mot de ralliement politique et littéraire du XIXe siècle.
Croyez, Monsieur, que je vous suis bien parfaitement dévoué.Vr Hugo.
Lettre de Sainte-Beuve à Louis Bertrand
Cette lettre montre l'ambiguité (une sorte d'évitement?) de ces rares et fugitives relations (non) entretenues par le poète et l'homme de lettres auquel pourtant Aloysius confie ses écrits et de qui il reçoit un exemplaire dédicacé de ses Consolations: "à mon ami Bertrand", ce qui d'ailleurs provoquera un malentendu avec Charles Brugnot, lequel croit lors du retour à Dijon de Bertrand, au printemps 1830, que l'exemplaire lui est destiné (Brugnot attend en effet la venue de Sainte-Beuve à Dijon pour l'été).
Les récits des contemporains tendent à romancer ces entrevues-éclairs selon lesquelles Louis Bertrand dépose ses poèmes à Sainte-Beuve avant que de s'éclipser comme par magie, le temps que Sainte-Beuve ne relève la tête. Dans une lettre de Novembre 1829, Charles Brugnot avait reçu un billet de déposé par Sainte-Beuve dans lequel ce dernier se plaignait de ne plus avoir de nouvelles de Louis Bertrand. L'ami conclut: "Allez donc le voir; vous savez qu'il vous aime".
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*selon H.H.Poggenburg. Nous pencherions plutôt malgré l'absence de césure entre les mots pour: ce mardi soir.Mon cher Monsieur Bertrand,
Vous êtes venu sans me trouver et j'en suis désolé. Si j'étais sûr de vous trouver chez vous, j'irais vous reporter vos charmants cahiers et remettre à votre amitié un Joseph Delorme qui vous attend depuis huit jours.
Dites-moi quand je serai sûr de vous trouver.
Tout à vous,Sainte Beuve(Mercredi?*) soir.
Second poème autographe connu de Louis Bertrand
Huit heures
Chanson
Il fait jour. L'aurore argente
Les plis de tes longs rideaux.
Ouvrière diligente
Prends ton fil et tes ciseaux.
Donne un baiser à ta mère
Qui te le rend sur le front
Et descends, vive et légère
Quand huit heures sonneront.
Autoportrait de Louis Bertrand
Cet autoportrait, bien qu'il ne fût pas signé par Louis Bertrand, figurait dans la collection Marsan. Il est attribué au poète lui-même. Il a été dessiné à l'encre de Chine et au lavis et mesure 7cm/6,4cm. Son allure "années 30" d'après le collectionneur lui-même, qui a pu faire douter les spécialistes du poète, est due notamment à l'effet délétère du temps, lequel épanouit l'encre au détriment du papier, et de l'effet "noir et blanc" allié à sa toute petite taille, sous lesquels on le trouve sur Internet.
Sa couleur sur notre site est celle de l'original puisqu'il a été ici reproduit directement d'après ce dernier. Nous l'avons publié avec la possibilité de l'agrandir afin de permettre à l'internaute d'en considérer tous les détails.
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Document inédit: extrait d'une lettre de Mme Brugnot à Louis Bertrand
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article nécrologique de Charles Brugnot par Louis Bertrand
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Gaspard de la Nuit
et vérifiée par nos soins sur le fac-similé du manuscrit original conservé à la Bibliothèque Nationale de France (microfilm n° 9141).
I-Repères chronologiques sur l’histoire éditoriale du texte que nous mettons en ligne :
Édité de manière posthume, le recueil de poèmes de Bertrand ne nous est tout d’abord parvenu que par une série d’éditions établies d’après les copies d’un manuscrit autographe malheureusement peu fidèles aux intentions graphiques et poétiques de l’écrivain, avant que ne soit vendu puis acquis par la Bibliothèque Nationale de France, en 1992, un manuscrit original de l’œuvre, rendant ainsi possibles des éditions plus soucieuses de respecter les volontés du poète.
1-Les éditions du XIXe siècle
Les deux tentatives éditoriales de Bertrand ayant échoué (la première chez l’éditeur Sautelet en 1829, la seconde chez Renduel annoncée en 1833 et sans cesse reportée), ce n’est qu’après le décès du poète que Gaspard de la Nuit fut publié.
La première édition date de la fin de l’année 1842[3]
. Elle a été établie à partir d’une copie plus ou moins fautive du manuscrit original déposé par Bertrand chez l’éditeur Renduel[4]
, réalisée par l’épouse de David d’Angers. Quelques mois avant la publication, en septembre 1842, Sainte-Beuve s’est ému « de la médiocre qualité des épreuves, du nombre de fautes, des intercalations qui peuvent "tout brouiller" »[5], ce qui n’empêcha pas l’œuvre de paraître dans une version entachée de fautes, avec une substitution due à Victor Pavie de « L’Écolier de Leyde » au « Capitaine Lazare », jugé « un peu vert pour les premières pages »[6], une transformation de la dernière pièce dédiée « À M. Charles Nodier » en un poème « À M. Sainte-Beuve »[7], et l’absence des dessins que le poète avait souhaité y voir insérés. Le recueil était précédé d’une notice de Sainte-Beuve et suivi de treize « Pièces détachées, extraites du portefeuille de l’auteur », trouvées au moment du décès de Bertrand, mais sans les notes que le poète avait pris soin d’y ajouter, qui ont peut-être, de ce fait, « définitivement disparu »[8].
Victor Pavie a déploré que le livre était invendable pour esquiver la proposition de Mallarmé d’en établir une seconde, enrichie d’une série de tombeaux composés par les plus grands poètes du temps, mais comme l’a montré Lucien Chovet dans son article « La première vogue d’Aloysius Bertrand et du poème en prose dans L’Artiste »[9],
on ne sait pas très exactement quel crédit on doit porter au prétendu désastre éditorial dont Victor Pavie ne cessa de se plaindre, qui ne fut peut-être qu’une « fable »[10].
Toujours est-il que grâce à Auguste Poulet-Malassis, une nouvelle édition « augmentée » vit le jour au début de l’année 1869 chez Pincebourde[11]
« et sans crainte aucune d’un échec commercial »[12], mais malheureusement sans les poèmes à la mémoire de Bertrand dont rêva Mallarmé.
2-Les éditions du XXe siècle antérieures à 1992
En 1925, Bertrand Guégan a publié chez Payot une nouvelle édition de Gaspard de la Nuit, établie sur une copie réalisée par ses soins sur un manuscrit original –peut-être le manuscrit vendu par la sœur de Bertrand à Jules Clarétie[13]. « Plus satisfaisante » que l’édition de 1842, elle reste « entachée de nombreuses erreurs de lecture »[14], mais elle présente l’intérêt d’offrir déjà quelques notes relatives aux aspects génétiques de l’œuvre, par la mention de titres et épigraphes raturés ainsi que quelques variantes.
En 1980, Max Milner offre la première édition critique moderne de Gaspard de la Nuit. Annotée, suivie de « Pièces détachées », d’« Appendices » et d’un Dossier, l’édition est en outre précédée d’une stimulante présentation, qui se propose d’aider le lecteur à pénétrer dans l’œuvre. Max Milner y étudie en effet comment l’œuvre donna naissance au genre du poème en prose par un travail poétique sur les formes, mais aussi sur « les images » correspondant au goût de Bertrand pour l’art graphique et pictural, « les espaces » de la page et du livre que Bertrand explore comme un « émailleur », un « sertisseur » ou un « maître-verrier », les lumières qui traversent le recueil et « en rendent plus mystérieuses les surfaces et les profondeurs », les « durées » qui produisent des effets de téléscopages temporels et participent à la création d’une atmosphère fantastique, les « rêves, sortilèges […] maléfices » et « l’alchimie », qui montrent comment le poète a travaillé sur le « "matériel imaginaire" que lui fournit son époque » et qui révèlent les ombres et hantises de son univers onirique propre. Pour l’établissement du texte, Max Milner ne pouvait toutefois que reprendre le texte de l’édition de Bertrand Guégan.
3-Les éditions du XXe siècle postérieures à 1992
Dans le catalogue de la vente de la bibliothèque de Jacques Guérin qui eut lieu le 20 mai 1992 est décrit un manuscrit de Gaspard de la Nuit, magnifiquement mis en page et calligraphié par Bertrand. Étant donné la valeur exceptionnelle de l’autographe, il a été acquis par la Bibliothèque Nationale de France (qui le conserve sous la cote N.a.f 25260) où il est possible d’en consulter un fac-similé sous la forme d’un microfilm. Le manuscrit permet de connaître les désirs éditoriaux du poète –tant du point de vue de la mise en page que de l’illustration de l’œuvre– et de mieux apprécier son travail de création. Les poèmes présentent en effet de très nombreuses variantes (ratures et ajouts) malheureusement souvent illisibles sur le fac-similé, mais que Jacques Bony est parvenu à déchiffrer, pour plusieurs d’entre elles sur l’original.
Grâce à l’acquisition de ce manuscrit, Helen Hart Poggenburg en 2000, Jean-Luc Steinmetz en 2002, puis Jacques Bony en 2005 ont pu établir de nouvelles éditions du recueil[15], qui offrent de très riches introductions et appareils critiques et permettent de mieux apprécier l’œuvre dont rêva le poète.
II-Nos choix éditoriaux
Nous avons souhaité offrir une édition aussi rigoureuse que possible, mais qui soit destinée à un très large public. Nous avons donc opté pour des principes d’établissement de texte qui soient un compromis entre la première édition critique moderne que fut celle de Max Milner (1980) et la dernière édition scientifique fidèle au manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale de France, élaborée par Jacques Bony et publiée en 2005.
Nous avons pour cela fait le choix d’une orthographe modernisée, sauf dans le cas où la graphie propre à l’auteur avait des enjeux stylistiques (relatifs en particulier à la musicalité du poème) et dans le cas des quelques archaïsmes conservés par Max Milner (« hermitage » ou lieu d’« ermitage » par exemple), que nous avons signalés par des notes. Pour connaître les graphies du poète, ses emplois particuliers de la ponctuation et de l’accentuation, son usage du tiret, du trait d’union, des guillemets ou encore des majuscules, le lecteur peut se reporter à l’édition scientifique de Jacques Bony.
Nous avons également souhaité respecter autant que possible les vœux du poète –exposés notamment dans ses directives à M. le Metteur en page– en ne surchargeant pas les pages de notes critiques : outre les notes de Bertrand, citées en bas de page comme dans son manuscrit et désignées par des astérisques, on ne trouvera donc que quelques rares notes précisant nos choix éditoriaux, désignées par des numéros. Pour l’élucidation de l’origine des épigraphes ou le sens des mots rares ou archaïques non annotés par Bertrand, il est possible de se reporter aux lexiques mis en ligne également sur ce site (« Lexique de Gaspard de la Nuit » et « Lexique des noms propres »).
Pour les mêmes raisons, nous n’avons pas non plus indiqué les variantes issues de versions antérieures au manuscrit ou de ratures déchiffrables. Le lecteur qui en est curieux peut se référer à l’édition scientifique de Jacques Bony ou pourra consulter l’édition génétique du texte qui sera prochainement mise en ligne sur ce site.
[1]
Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit,édition présentée et annotée par Max Milner, Paris, Gallimard,« Poésies », 1980.
[2]
Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, édition établie sur le manuscrit original, publiée selon les vœux de l’auteur, présentée et annotée par Jacques Bony,
Paris, Gallimard, 2005.
[3]
Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, avec une notice de Sainte-Beuve, Angers, Victor Pavie, 1842.
[8] J. Bony, op. cit., p. 13.
[9]
Lucien Chovet, « La première vogue d’Aloysius Bertrand et du poème en prose dans L’Artiste », dans Miscellanées, site de l’Association pour la mémoire d’Aloysius Bertrand, http// : www.lalanguependue.fr., p. 4.
[11]
Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, édition augmentée, présentée par Charles Asselineau, Paris, Pincebourde, 1868.
[12]
Lucien Chovet, « La première vogue d’Aloysius Bertrand et du poème en prose dans L’Artiste », dans Miscellanées, site de l’Association pour la mémoire d’Aloysius Bertrand, http// : www.lalanguependue.fr., p. 4.
[15]
Œuvres complètes, édition établie et annotée par Helen Hart Poggenburg, Paris, Champion, 2000 ; Aloysius Bertrand, Gaspard de la Nuit, édition établie, présentée et annotée par J.-L. Steinmetz, Paris, Librairie
Générale Française, 2002.
Pièces détachées
Après la réalisation de l’édition, les manuscrits furent rendus à la famille de Bertrand par David d’Angers ; ils ont disparu depuis, à l’exception de deux manuscrits du dernier poème (À M. David, statuaire) , datés respectivement de 1838 et 1839.[1]
Nous donnons ici les textes en suivant la leçon de l’édition de J. Bony mais dans une orthographe modernisée.
Les poèmes n’ayant pas été destinés à un projet éditorial précis, nous ne les avons pas numérotés.
Des notes de bas de page, empruntées pour la plupart aux éditions critiques modernes[2], éclairent le sens de quelques termes et l’origine des titres et épigraphes.
[1] Voir la note de J. Bony dans Bertrand, Gaspard de la Nuit, Paris, GF-Flammarion, 2005, p. 403.
[2] Ces éditions sont celles de Max Milner (Poésies/Gallimard, 1980), de Jean-Luc Steinmetz (Le Livre de poche, 2002) et de J. Bony (GF-Flammarion, 2005)
Aloysius en son jardin
Aloysius repose à Paris mais le poète est également incarné à Dijon, sa ville bien-aimée, "sa nourrice". Il y contemple et médite en son jardin de l'Arquebuse où il aimait à s'asseoir sous le grand peuplier noir, foudroyé en 1917...
Rêverie en images hivernales et citations issues de Gaspard de la Nuit.
Photographies de Mile©.
notre Association
Notre association a été créée en Décembre 2006 pour restaurer la sépulture menacée du poète au cimetière Montparnasse, alors reprise depuis 2005 par la ville de Paris à cause de son état de délabrement. Le petit écriteau administratif avait touché des inconditionnels isolés du pauvre poète, la création de l'association fut un moyen efficace de les réunir et de lutter contre le révoltant guignon.
En Mai 2007, la sépulture était restaurée par la marbrerie Rébillon (Paris) dans sa quasi intégralité, mise à part sa stèle trop fragile qui a été simplement nettoyée. Le monument de pierre, sis dans la partie classée de la nécropole, est dorénavant entretenu annuellement par la Société des Gens de Lettres qui a récolté parmi ses propres adhérents un budget substantiel.
L'association s'investit désormais au long cours autour d'une passion largement partagée par différents publics pour l'oeuvre du poète. Elle invite quiconque le souhaite à rejoindre ses membres. Il vous est également possible de publier sur notre site, notre blog ou notre bulletin, ou de nous inviter tout simplement à partager: votre expérience, une idée, un témoignage...
Elle accueille toutes les personnes soucieuses de mémoire ou de poésie qui aiment Aloysius Bertrand. Elle propose à ses membres quelques rencontres dans l'année, qui permettent des échanges, des découvertes, ou le simple plaisir de se rencontrer...
Transfigurer le réel
la sépulture d'Aloysius Bertrand
C'est dans un tel contexte que notre association a pu se constituer. Comme le hasard fait parfois bien les choses, une inquiétude légitime devant la désolation du monument, le fait que le nom d'Aloysius Bertrand ne soit pas indiqué sur le panneau des 100 "personnalités les plus importantes" à l'entrée du cimetière Montparnasse et un rêve, ont permis à sa présidente de réunir auprès des diverses administrations: mairies, services des Cimetières, les informations nécessaires relatives à sa situation dont seule désormais attestait la préface de l'édition établie par Jacques Bony en 2005 (qu'elle n'avait pas -encore- lue). Le petit panneau avait en effet été retiré depuis la fin de la période de reprise, conformément à la législation. C'est ainsi que fut décidée, en quelques jours, la création en urgence d'une collecte de fonds sur la base associative, dont la déclaration fut effectuée en Préfecture du Nord le 5 décembre 2006.
Un maximum de personnes ont été alertées: radios, universités, bibliothèques, revues... L' outil internet a été de ce point de vue salvateur, et les informations officielles, encourageantes. La situation à vrai dire était des plus étranges: épineuse, car les aides ne faisaient pas partie des orientations de la politique culturelle actuelle, cependant que le discours était unanimement soucieux que l'issue pût aboutir à une fin heureuse, soit une fin qui ne fût pas catastrophique pour la dernière demeure du poète. De la même manière, nous oscillions entre la misère d'une situation individuelle (celle du poète) et deux notoriétés: littéraire (celle du poète encore) et celle de la partie de la nécropole où il est enterré: la sépulture, vestige du XIXe siècle, se trouve en effet dans la partie classée de Montparnasse. La réfection n'allait pas pouvoir se faire avec du simili-marbre et trois fleurs artificielles... La restauration du monument devait être prévue en pierre et à l'identique, le devis, soumis à l'approbation du Service Central des cimetières parisiens pour obtenir l'autorisation exceptionnelle de travaux.
Les éditeurs de Gaspard de la Nuit n'ont pas souhaité parrainer notre action. L'un d'eux nous parla beaucoup de l'émission radiophonique de l'un de ses collaborateurs prévue pour le bicentenaire de la naissance du poète, collaborateur "qui aimait beaucoup Aloysius Bertrand mais ne participait pas à ces choses-là", à qui par ailleurs il ne nous fut pas permis de nous adresser personnellement. Quant aux éditeurs de musique, où notamment l'oeuvre pianistique éponyme de Ravel existe depuis sa composition en 1908, ils se sont contentés d'un silence respectueux mais néanmoins éloquent. La "culture" , non décidément, ce n'était pas une histoire d 'ossements, de funéraire, de "morbide" (brrr). La "culture", c'était, encore et toujours, "autre chose." Je ne tairai pas non plus la scandaleuse démission d'universitaires qui ont participé à des colloques organisés pour le bicentenaire de la naissance du poète et n'ont cependant pas souhaité participer à la restauration, alors qu'il nous manquait encore 500 €...
Où commence la culture, me demandai-je régulièrement, et où finit la mémoire? Ou finit la mémoire, et où commence l'oubli de qui fut un être de chair et de sang, le déni de son existence au monde? Aloysius Bertrand parti, allait-il devoir à nouveau être délogé du seul lieu où lui restait encore une place tangible?
Ce sont les bonnes volontés de gens de lettres de tous les horizons (universitaires, écrivains, poètes, bibliothécaires, journalistes) mais également des sensibilités non exclusivement littéraires mais de toutes professions, scandalisées que la mémoire puisse ainsi être vandalisée, qui se sont manifestées et mobilisées pour que les aloysiens ossements, "les cendres" comme on les appelle euphémiquement, ne soient pas, ainsi que le prévoient les textes, sortis de leur caveau et "recueillis" (comprendre: entassés, empilés dans un contenant spécifique d'un format à peine plus important que celui d'une boîte à chaussures) pour être placés dans l'ossuaire du cimetière Montparnasse.
La Société des Gens de Lettres de France, grâce à son secrétaire Général M. Jean-Claude Bologne, a organisé pour nous aider sa propre souscription: une somme substantielle a été réunie, qui a servi à compléter les 500 euros qui nous manquaient, d'une part, à permettre d'envisager pour la suite d'autres travaux si besoin en était, d'autre part. Les intérêts de cette somme placée participent à l'entretien annuel de la sépulture (nettoyée et joliment fleurie en septembre). Le marbrier Rébillon, Boulevard Edgar Quinet, a effectué tous les travaux. M.Thienpont a été un interlocuteur franc, compréhensif et efficace, qu'il en soit remercié ici. Le nombre de devis faits, refaits, re-refaits que j'ai retrouvés il y a peu témoigne de sa grande patience, de ses efforts pour effectuer à un coût abordable des travaux de qualité, sous réserves de mauvaises surprises impossibles à prévoir qui, n'en déplaise au guignon, ne furent pas rencontrées. Les membres de notre association se sont mobilisés à nouveau quelques mois après les travaux, à la fin de l'été 2007, pour offrir au poète une digne plaque où figurent désormais son pseudonyme littéraire et ses dates.
Aloysius Bertrand, poète romantique cité par les Célébrations Nationales pour le bicentenaire de sa naissance, n'aura donc pas été exhumé dans le silence et le secret. Cet anniversaire a été pour notre association un heureux hasard qui lui permit de sensibiliser davantage de par sa scandaleuse ironie, et le moyen pour plusieurs passionnés de se rencontrer autour d'une cause qui reflète la multiplicités des enjeux que pose la reconnaissance d'un artiste ou d'un écrivain décédé. D'aucuns, dans le courrier des lecteurs du Magasine Lire notamment, qui avait relayé l'information, se sont indignés: 4000 euros pour un tombe! avec le soutien mielleux d'un rédacteur indifférent, au beau milieu d'une débauche de "nouveautés" qui se bousculent lors de traditionnelle "rentrée littéraire". Notre association, avec les dons de sa petite quarantaine de membres, aurait spolié le budget Santé de l'état...
Pauvre Aloysius Bertrand, qui a tant coûté à la société, sans nul doute eût-il mérité la sépulture de l'âne (nous y reviendrons dans des travaux ultérieurs) ?
Des sites de poètes et passionnés de littératures heureusement n'ont pas partagé cet avis, qui ont diffusé largement notre appel: celui de Florence Trocmé, Poezibao, le site du livre en Nord-Pas-de-Calais Eulalie, celui de Denis Constalès qui propose sa propre version en ligne de Gaspard de la Nuit, en son temps le site de Francis Mizio... Nous avons également pu compter sur la célérité des acteurs territoriaux pour l'obtention rapide de l'autorisation de travaux et du conseil fiable (Marie-Christine Durand, de la mairie de Dijon, Marie-Paule Lelièvre, Conservatrice du Cimetière Montparnasse).
Le pétition pour demander que le poète figure sur le panneau d'entrée du cimetière n'a pu aboutir car la "liste" sur le panneau & les guides est limitée à 100 personnes, de plus une dizaine d'autres associations avaient fait des demandes. D'autre part (et il est intéressant de relever que les responsables des cimetières parisiens eux-mêmes s'en émeuvent) cette liste concerne les personnes les plus "demandées", soient celles pour lesquelles les touristes du monde entier se déplacent, généralement en sachant déjà où elles sont inhumées. Ce sont donc toujours sensiblement les mêmes, et l'ouverture culturelle n'a pas toujours sa place dans cet arbitraire de l'intérêt collectif pour un nom, ou une histoire; les guides, pour reprendre les mots d'une responsable, sont de ce point de vue "mal fichus". Un projet dont le Père Lachaise devrait constituer l'un des sites pilotes est d'ailleurs prévu : il s'agirait de bornes interactives qui permettraient à un nombre plus important de sépultures d'être mentionnées aux yeux du public.
Merci aux personnes, membres de l'association, qui ont permis la restauration de la sépulture:
M. Jean-Michel Barbier, libraire, La Lampe d'Argile, Asnières-sur-Oise; M. Youb Benlahcène, comptable retraité, Lille; M. Pierre Maubé, bibliothécaire, écrivain, Saint-Germain-en-Laye; Mme Nicole Mozet, professeur d'université à Paris VII, Paris; M. Pierre Levis, ingénieur, Caen; M. Jean-Pierre Duthoit, comédien, Loos; M. Eric Angelini, journaliste, Bruxelles; M. Christian Dufour, professeur, écrivain, St-Gence; M. Serge Nève, libraire, Lorgues; M. Christian Immarigeon, amateur de vieux livres, Paris; M. Jean-François Lecompte, écrivain, critique littéraire, Paris; M. Denis Constalès, professeur d'université, Gand; M. Francis Mizio, écrivain, Paris; M. Jean Bonnat, directeur d'hôpital, Epinal; M. Alain Heyvaert, professeur d'université à Lille III, Maubeuge; M. Lucien Chovet, Alfortville; Mme & M. James et Christiane Carpentier-Piskorski, professeur de lettres retraitée, Luxembourg; M. Jacques Bony, professeur d'université, a édité Gaspard de la Nuit chez Flammarion, Saint Mandé; M. Alexandre Jaisson, Paris; M. Max Milner, professeur d'université, a édité Gaspard de la Nuit chez Gallimard, Paris; M. Francis Claudon, professeur d'université, a organisé le colloque dijonnais de décembre 2007, Paris; Mme Marie-Catherine Huet-Brichard, professeur de littérature française du XIXème siècle, Montamat; M. Nicolas Wanlin, professeur de Français et chercheur, a organisé le colloque parisien de Novembre 2007, Paris; M. Jean-Louis Cabanès, professeur de littérature française, Paris; Mme Jeannine Guichardet, professeur de littérature française, Lardy; M. Daniel Sangsue, professeur de littérature française, Neufchâtel (Suisse); Mme Marie-Thérèse Pierson, infirmière puéricultrice, Saint-André-lez-Lille; Mme Lucienne Frappier-Mazur, professeur de littérature française, Philadelphie; M. Pierre Pecher, cheminot retraité, Amiens; M. et Mme Françoise et Marcel Herrgott, passionnés par Aloysius Bertrand et son oeuvre, Toulouse; M. et Mme Anne et Benoît Quennedey, Dijon; Mlle Nathalie Ravonneaux, enseignante en Lettres modernes, Paris; M. Fabrice Agat, étudiant en Lettres modernes, Tonnerre; M. Matthieu Liouville, professeur de littérature, chercheur, Paris; la Société des Gens de Lettres de France , éminente Association littéraire fondée en 1838 pour défendre les auteurs de l'écrit, Paris.
Ont rejoint notre association fin 2007:
Renée et André Moteley, Paris; Yves Blacher, fils de l'artiste Béatrice Appia, Sète; Anne-Marie et Olivier Appia, psychiatre, Mantes-la-Jolie; Emilie Notard, poète et professeur de littérature, Leipzig.
Monsieur Max Milner nous a quittés cet été .
Décembre 2008, la présidente de l'Association